Rennes / 11,016ème jour sur Terre (13 février 2007)
Finalement inutile d’aller loin dans les pays exotiques pour avoir des retards et des loses qui s’enchaînent. C’est à ça qu’on reconnaît les champions du monde. Même à domicile, ils savent se créer de belles opportunités…
Démonstration ? c’est parti
Partant pour Barcelone demain matin à l’aube où blanchit la campagne de Paris, j’avais pris un train Rennes – Paris partant à 17h05 et arrivant à 19h08. Histoire d’arriver à notre appart parisien à 20h45, juste pour un bon Derrick histoire de bien dormi, celui où il cherche le collier du caniche de Bertha, 90 ans, qui est en fait tombé (le collier) derrière la poubelle sous la moquette.
16h23 : je pars de Vern, un peu angoissé quand même car mine de rien avec 15-20 min pour rentrer chez moi et faire une dernière mise au point logistique (comprendre paqueter 90% de ce que j’aurai oublié et même ce que je n’aurais pas oublié), c’est un peu présomptueux…
16h43 : j’ai pu descendre à temps avec les valises, pour choper le bus tout va bien, avec cependant cette question existentielle vestimentaire qui peut vous plomber un voyage : ai-je ou n’ai-je pas (le choix est simple) laissé chez la copine une ceinture de costume. Non mais c’est important, un costume sans ceinture, c’est un paquet cadeau sans ficelle, c’est comme le sel sans le poivre etc… Cette question m’occupe jusqu’à…
16h52 : je suis dans le métro. J’ai vu passer le suivant juste devant mon nez, comme ça, mais je ne me vexe pas j’ai l’habitude, et dès qu’il aura démarré ce métro me permettra d’assurer mon 17h05, car il n’y a que 7min en métro… Juste mais bon… Enfin bon, si le métro démarre, ce qu’il ne semble pas décidé à faire ! La première panne de métro à Rennes que je connaisse ! Le val [c’est le métro sans conducteur] sans conducteur (tiens vous voyez), ainsi conçu pour résister aux grèves, aux pressions, eh ben là paf faut que ça tombe sur moi c’est gagné. Bon attends, c’est pas parce qu’il n’y a plus de lumières et que je sens une angoisse se pointer (en terme boulistique, j’aurais préféré qu’elle se tire comme le métro) dans le wagon qu’il faut tirer des conclusions hâtives.
16h53 : « mesdames et messieurs, veuillez excuser ce problème technique en raison duquel nous sommes immobilisés pendant 15 minutes ». Attends, c’est pas parce que mesdames et messieurs veuillez excuser qu’il faut en tirer des conclusions qui s’imposent…. Mmmmh. 15min, si je pose 12 et que je retiens 1, que je prends l’hypoténuse en radian parce que je suis dans un corps booléen et un monde imaginaire, ça me fait arriver en retard ça .
16h54 : je prends comme tout le monde l’escalator pour remonter. A ce moment, je l’avoue, je suis calme parce que je SAIS que je vais y arriver (en fait non, entre nous je sais que c’est foutu, mais j’essaie de me convaincre qu’il y a un espoir d’avoir le 17h05). Je demande quel bus il faut prendre pour aller à la gare à un gars de la STAR : il me désigne les panneaux en m’expliquant « tout es indiqué dessus, horaires et lignes ». Ils auraient mieux fait de planter un panneau directement à sa place plutôt que de planter un mec, ça aurait été plus utile et plus aimable…
16h58 : Forcément j’avais deux choix de sorties de métro et de rues, j’ai pris le mauvais, me voici donc dans la bonne rue des bus pour la gare… reste à choisir le bus.
17h : j’ai des frissons je claque des dents je tourne en rond. Ah non ça c’est le matin. Bon ben alors non juste je pourrais tourner en rond mais y a autre chose à faire de plus productif en attendant…
17h01 : deux bus arrivent en même temps, le 11 et le 2, sur deux arrêts parallèle. Je m’apprête à monter dans le 2, quand je vois qu’il va y avoir un changement de conducteur qui s’apprête à s’opérer. Mon timing est minuté plus que celui de Tom Cruise dans Mission impossible, je ne peux me payer le luxe de changer de conducteur, soit je perds du temps, soit je profite du changement pour prendre le volant, il va falloir prendre une décision soit rester dans le 2 en attendant le nouveau conducteur qui est peut être coincé dans le Val (qui ne serait plus le Val puisqu’il y aurait alors un conducteur on pourrait l’appeler du coup Marguerite par exemple plutôt que Val on peut faire ce qu’on veut après tout).
17h01 + une prise de décision plus tard : prudent, je monte dans le 11.
17h02 : le mec qui remplace le chauffeur du 11 arrive à la bourre. On voit le 2 démarrer sous notre nez. Oui parce qu’il y a eu aussi un changement de conducteur dans le 11 mais je ne l’avais ni vu ni prévu étant donné que j’ai l’impression que c’est le chauffeur du 11 qui est parti conduire le 2 (et le 11 même à 2 (conducteurs) était près à ne pas partir avant 11 (de 17h) j’étais à 11 doigts 2 m’énerver).
Note pour plus tard : dès que je fais un choix, il faut que j’évite de m’écouter. Ou alors juste je fais semblant de m’écouter et hop je feins de me suivre et là paf je me prends au contrepied quand je m’y attends le moins.
17h06 : une petite mamie a des difficultés pour monter dans notre bus, je me demande s’il ne faudrait pas la choper par les bras et hop un coup de traction comme au tango de sa jeunesse zou mamie Gisèle en voiture Simone. Le bus 2 doit déjà être à la gare.
17h10 : notre bus 11 arrive enfin à la gare. Le chauffeur du 2 est sûrement rentré depuis longtemps il a eu le temps de se faire un chocolat chaud de lire les news…
17h12 : Ouf, je vois qu’il existe un 17h35 dans ce sens Rennes – Paris (ce qui n’est pas le cas le soir, des Paris – Rennes, c’est un toutes les heures, ce qui prouve bien qu’il y a plus de bretons qui souhaitent voir Paris que l’inverse).
17h13 : Merdouille, en prenant ce train 30min plus tard que mon train prévu, j’arrive une heure plus tard… La logique logistique de la SNCF est imparable.
Moralité : finalement j’avais le temps de remonter chez moi et prendre ma ceinture plutôt que de me demander si j’en ai une à Paris… (oui je sais j’aurais pu me casser la nénette pour une meilleure moralité, mais on fait avec ce que l’on a, et en l’occurrence je ne l’avais pas cette foutue ceinture non mais alors).
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