mardi 16 janvier 2007

[La vie comme elle va & Voyages] Dure loi du Thalys 2

Bruxelles / 10,988ème jour sur Terre (16 janvier 2007)

Corollaire de la dure loi du Thalys, mais je suis sûr que ça vous est arrivé dans le TGV, imaginez vous dans un train dans lequel il n’y a pas grand monde, au lieu de vous mettre à côté d’une personne (tiens, le programmeur du placement d’usagers de Thalys est venu passer ses vacances à Paris et au bout d’une semaine il s’est dit “hola la une fois ça va pas là il faut que je programme, allez” et il a été voir ses copains du TGV pour leur filer le code de son programme), et vous voila donc tranquillement installé(e) au milieu d’un no man’s land car il n’y a décidément pas grand monde.

Arrive une personne. Allez, au hasard, une vieille. Une qui n’a jamais voyagé, jamais quitté son village, que vous ne comprenez pas bien ce qu’elle vient faire là, peut être “voir Paris et mourir” si vous êtes à destination de Paris, mais on sent bien qu’elle est perdue. Et là malheur, vous êtes assis à sa place. Gentiment vous lui expliquez qu’il y a pas mal de places autour, que le train va partir et que visiblement et vraisemblablement plus personne ne montra, qu’elle peut donc se mettre où elle veut. “oui mais c’est ma place” rétorque t elle l’œil hagard en désignant d’un doigt accusateur le siège sur lequel vous vous êtes affalé(e). En plus 1/ au moment où vous évoquez le départ imminent vous sentez l’angoisse en elle sourdre, 2/ vous vous étiez bien étalé(e), suffisamment sur le siège d’à côté pour éviter tout opportun et 3/ vous lisez sur les visages des voisins avec un rapide regard circulaire que d’une part ceux ci sont soulagés de ne pas s’être assis sur le siège de la vieille, d’autre part ils sont impatients de voir la suite, enfin de l’action.

“C’est ma place, vous êtes à ma place” affirme t elle comme au bon vieux temps du primaire lorsque ce petit con de Bernard votre voisin de pupitre vous avait accusé d’avoir regardé sur sa copie alors que vous ne souffriez, pauvre victime de la nature, que d’un strabisme disgracieux mais cause de ces vaines accusation de ce petit Bernard, de surcroit chouchou de la maîtresse.

Bon si ça avait été Bernard, encore, vous auriez pu lui dire 15 ans plus tard ce qu’il pouvait faire de sa place de TGV et de sa copie par la même occasion et pour la même destination, mais bon là visiblement la petite vieille a besoin d’assistance. Vous lui expliquez que les places ne sont pas forcément numérotées quand il n’y a pas grand monde, et là elle commence à s’affoler et affirme la lippe tremblante “mais si: il y a des numéros sur les sièges et sur le billet, j’ai le numéro sur mon billet qui est exactement le numéro du siège sur lequel vous êtes”.

A ce stade, vous souhaitez faire suivre à la logique de la vieille la même direction que la copie du petit Bernard, mais vous expliquez qu’elle ne va pas se faire arrêter parce qu’elle n’est pas à son numéro de place. Et là vous attendez, et voyant que si, elle imagine qu’elle va se faire engueuler par le contrôleur, se faire arrêter, dépecer, jeter du train, vous rassemblez vos cliques, vos claques (qui se perdent), et vous changez de place. D’autant que le train a démarré et que la petite vieille qui pèse 20 kilos ne tient debout malgré les vibrations que parce que sa canne s’est coincée entre les jambes de votre voisin de couloir qui tente vainement de s’en dégager…

Vous voila donc installé(e) de nouveau à une place tranquille, vous allez vous assoupir, et là tout à coup, alors que Morphée était venu (eh oui, j’ai longtemps cru que Morphée était une femme! Du coup je ne dors plus, attends, de là à se retrouver dans les ras d’un homme, non merci) s’asseoir pour vous raconter une histoire, un tapotement sur l’épaule. C’est la petite vieille de tout à l’heure: “Dites, en fait je me suis trompée de billet, je regardais le retour. Maintenant, vous êtes à ma place”…

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