dimanche 1 avril 2007

[Dérision, la vie comme elle va] Houla, mais elle est où donc, la voiture???

Paris / 11,062ème jour sur Terre (1er Avril 2007, this is not a blaging Fish)

Dès qu’il s’agit de trouver une place pour parquer la voiture un samedi soir dans Paris, c’est la galère. Surtout qu’il faut 5m60 pour garer ma Xantia (on sait jamais un bijou mécanique comme ça faut éviter les chocs). Alors en rentrant de soirée vers 2h du mat’, il a fallu se plier à la règle. En fait aux règles, car toutes s’appliquent dans ces moments là: plus vous vous approchez de chez vous, moins vous voyez de place de dispos, si finalement vous revenez en arrière à la place dispo précédente, elle ne l’est plus, l’appui de votre pied sur le trottoir déclenche la bruine du matin, etc… bref toutes les règles que mon pote Murphy aime bien me rappeler en permanence.
Bref près de la pace Monge, une place nous tend ses petits bras. On s’y gare.

On s’y égare? voire. Car le lendemain soir, nous voila de retour à l’emplacement de la voiture. “Euh… c’était pas ici qu’on avait garé la voiture?”. Si, c’était bien là. Par acquis de conscience, on redescend la rue. Puis on la remonte. Puis on la redescend. Et comme il faut faire quelque chose de construcif, on la remonte encore et on doit s’y résoudre. Quelqu’un aura vu enfin la valeur incroyable à tirer d’une Xantia VSX modèle luxe de 94, et l’aura préférée à l’Audi A4 rutilante mais fadasse, commune et quelconque qui était visiblement à côté, et c’est bien compréhensible, n’est il pas?
Je m’imagine déjà tordre le cou du voleur. En plus ce ne doit pas être compliqué, il a sûrement un béret, 65ans et de l’arthrite pleins les doigts, va pas y avoir grosse bagarre… Comprends pas je n’avais même pas encore mis la boule de tennis à l’arrière, la couverture à damier pour le chien et l’espèce de couvre siège à boules pour masser le dos, ça a quand même trouvé preneur...

Bon première action: la plainte au commissariat du quartier. Devant nous, une fille de Hong Kong avec sa famille explique aux policiers qu’elle a perdu ses papiers. Sauf qu’elle parle en anglais, ce qui n’est pas le cas des policiers. Et les policiers parlent en policier, ce qui n’est pas le cas de ces étrangers. J’ai l’occasion de jouer les sauveurs, je fonce, hesitant à en rajouter pour impressionner la copine, du genre :
La fille “I’ve lost my passeport. Can you do something?”. Moi aux policiers: « Bon là elle explique qu’elle a égaré son passeport qui était originellement dans une commode Louis XVI de fort bonne composition mais qu’au final et dans la mesure où elle a suscité la cause de sa venue en ce lieu pittoresque, elle apprécierait que ces gentlemen en uniforme puissent avec diligence et bienveillance apporter une solution à son cas épineux »
Les policiers “elle a d’autres papiers sur elles?” Moi traduisant fidèlement les propos: “Do you have any other ID, BC, GF, one two three ABC for you and me or pictures of your family and your dog when you were young and making love was just for fun all by my side oh yeah?”
Non, rien de tout cela, je me suis contenté de traduire, ce qui a eu pour effet d’accélérer les recherches côté policiers auprès des fourrières. Oui car c’est la première démarche, vérifier que la voiture n’a pas été embarqué par la fourrière.Là où on n’a pas compris c’est quand on a eu la conversation suivante avec le monsieur:
- Nous : “Elle ne risque pas d’être à la fourrière, on était sur une place normale, la nuit, donc gratuit”
- Lui : “oui mais ça ne veut rien dire”.
Perso je trouve au contraire ma phrase vachement claire. Du coup s’ensuit logiquement et forcément une demande d’explications plus avancées sur l’argumentation.
- Nous : “c’est à dire”
- Lui: ” Il y a des services comme ça parfois, qui passent, et même si vous êtes sur une place normale bien au contraire donc c’est pour ça…”
Ah oui mais là par contre ça ne veut vraiment rien dire.
Donc un message à tous: Evitez les places normales, à la régulière, mieux vaut se garer comme un porc sur une place handicapée face à un passage pour piéton devant un bateau (surtout s’il appartient à Eddy Barclay), il y a alors moins de chance d’enlèvement de voiture car il y a des “services qui passent même si on est sur une place normale bien au contraire donc c’est pour ça…”. C’est clair?

Finalement pendant qu’on termine la déclaration de perte du passeport de la fille de Hong Kong, un policier revient de l’arrière boutique, triomphant, “c’est bon on a repéré votre voiture elle est à la pré-fourrière de Clichy”.
Soulagement, la Xantia a un système d’alarme ultra performant copié sur K2000, les voleurs n’ont pu le forcer je me disais aussi à peine un pigeon se pose dessus c’est Inerpol qui est sur les dents. Par contre c’est curieux, je ne savais pas qu’il y avait une étape avant la fourrière. Ils appellent ça la pré fourrière apparemment. Une fois que tu es au stade de la fourrière, je pense que c’est un point de non retour. Ou bien c’est buccolique, c’est gai, c’est joyeux, un pré, du coup tu vas cueillir ta voiture car le bonheur est dans le pré(-fourrière).
Direction Place de Clichy, le nord de Paris.
Arrivée devant la pré-fourrière, un message indique clairement le programme (pas les deux lettres répétées sur le panneau, mais le message en bas à droite : Fourrière = racket).


136EUR, une amende en poche de 37EUR et l’explication plus tard, nous retrouvons avec plaisir ma voiture. Il semblerait qu’en raison du marché du dimanche matin, notre voiture ait été “déplacée” (j’espère qu’elle a profité du déplacement, la voiture, parce que ça fait cher le voyage à Clichy, elle a dû prendre des photos c’est cool). Sauf que dans la nuit, tu ne vois pas forcément les panneaux, et si on avait vu une rangée de places, on se serait posé des questions, mais là c’était la seule place de dispo. Ce qui amène à deux conclusions à ce stade de l’affaire:
. Il y a des fous de parisiens qui se lèvent entre 2h et 6h pour déplacer leur voiture le dimanche matin du côté des marchés, et pour eux la nuit est courte
. Il y a des abrutis de non parisiens qui ne se lèvent pas, et pour eux la soirée du dimanche sera longue…
Le corollaire serait que les pré-fourrières se gavent dans la nuit du samedi au dimanche autour des lieux de marché, ça doit être le jackpot, c’est pas possible (d’ailleurs si ça se trouve les entreprises de fourrières posent des leurres, des voitures aux endroits interdits pour attirer le chalan, les vicieuses).

Bref la pré-fourrière étant à Clichy, au Nord, et le lieu de parking porte d’Orléans, au sud, il faut donc contourner Paris avec les retours du dimanche soir. Autant j’aime me sentir intégré dans la culture du pays et du lieu à l’étranger, autant là si je pouvais éviter de connaitre les retours sur Paris du dimanche soir, ça ne me dérangerait pas…
On laisse donc la voiture, et ensuite il faut rentrer en métro à l’appart.
Pour finir sur ce thème, j’aimerais revenir sur notre passage au poste de police. Après avoir aidé la fille de Hong Kong, je me suis dit qu’ils étaient dans une belle galère, qu’il fallait ensuite qu’ils aillent à l’ambassade, refaire le passeport en express, prouver que le Visa était correct et qu’elle est entrée en toute légalité. A ce stade de mes réflexions est entré dans le poste un indien, visiblement terrorisé et bouleversé. Les policiers lui demandent ce qui se passe et lui les regarde en coin, visiblement traumatisé “you speak English?” demande-t-il au policier? Les policiers, la famille de Hong Kong et moi essayons de comprendre ce qui se passe, lui part dans une explication décousue de flowers, de battu et de papiers. Les policiers comprennent que c’est un vendeur de fleurs qui s’est fait battre et dérobé ses fleurs et papiers (vu l’anglais de l’indien, on aurait pu croire que c’était un vendeur de papier qui aurait organisé une battue pour chercher des fleurs).

Et c’est en voyant cet homme pleurer, désemparé, en croisant son regard, dans ce poste glauque un dimanche soir que l’on oublie la fourrière, la voiture, l’inquiètude de ses petits tracas. Si la pré-fourrière marche 24h sur 24, la détresse humaine, elle non plus n’a pas d’horaire, et si pour la fourrière, l’amende est salée, pour la détresse, l’addition est sévère…

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